Bien-être

Se libérer de la culpabilité.

4 septembre 2020

J’ai été très touchée par le beau texte de Lili Barbery sur « choisir de s’aimer plus, renouer avec son enfant intérieur et veiller à jouer avec lui/elle au moins une fois par jour». Probablement parce que s’aimer soi-même est difficile et que je suis plus habituée à me juger et à me culpabiliser. Alors, j’ai eu envie d’écrire justement sur la culpabilité. Ce sentiment, que vous connaissez aussi probablement, qui nous grignote, qui nous fige sur place et nous serre les tripes.

Se sentir coupable, se juger, s’en vouloir, … Nous sommes nombreuses à le partager et à ne pas bien savoir comment nous en débarrasser.

La culpabilité est une expérience émotionnelle qui crée de la tension, de l’anxiété. Elle est dévastatrice car elle empêche la joie. Elle nous fait nous sentir coupable. Et nous enferme dans des questionnements permanents où on tourne en boucle avec les « est-ce que j’ai bien fait ? est-ce que je me suis assez bien occupée de telle personne ou de telle chose ? est-ce que j’ai été à la hauteur ?, …» C’est infini ce qui peut se passer avec la culpabilité. Elle me fait penser à un rongeur. Car en plus, tant qu’on se sent coupable, les autres le perçoivent et nous accusent volontiers !

Résultat, on se punit en se refusant ce à quoi nous aspirons tous : amour, bonheur, reconnaissance et succès.

Être coupable, c’est être fautif.

C’est avoir commis une faute. Lorsqu’on se sent coupable, on se blâme, on se condamne d’avoir fait quelque chose de mal, de répréhensible. Mais cela est très relatif. Qui décide ce qui est mal, ce qu’est une faute ? Ce sont nos croyances, ce que nous avons retenu de notre éducation et notre morale qui déterminent notre propre degré de culpabilité ainsi que notre tendance à culpabiliser les autres.

Comment se déclenche la culpabilité ?

Il existe quatre facteurs majeurs pouvant déclencher un sentiment de culpabilité.

  1. Laisser la notion de bien et mal diriger notre vie, alors que cette notion a souvent été définie par d’autres personnes.
  2. Croire que de s’accuser nous aidera à ne plus recommencer.
  3. Penser que de se sentir coupable, démontre que nous sommes une bonne personne et que ceux qui ne se sentent pas coupables sont indifférents au tort qu’ils peuvent faire (à eux-mêmes ou aux autres).
  4. Croire que cesser de s’accuser signifie se donner le droit de faire n’importe quoi, ce qui serait mal.

D’où vient-elle ?

La culpabilité appartient aux affects les plus  universels et archaïques, ceux qui apparaissent de façon innée comme la colère ou la joie.

Tout part en général, d’une situation, un fait, un comportement, un choix, une décision, un acte, auquel on a pris part ou qu’on a pas empêché et dont on se tient pour responsable. Notre interprétation de ce fait se traduit par une petite phrase obsédante du type « c’est de ma faute, c’est à cause de moi si … »

Cette interprétation nous amène à ressentir des regrets et des remords qui masquent une non acceptation de la réalité présente « je voudrais que la situation soit différente », « je voudrais ne pas avoir réagi comme ça, fait ça, … » Le jugement arrive juste derrière et là nous plongeons dans les « ce n’est pas bien, je ne suis pas à la hauteur, je me déçois,… » Et juste après, la sanction tombe « je m’en veux, je ne me pardonne pas de … »

Cet enchaînement est redoutable. Il déclenche une chaîne d’auto punition, de maltraitances : somatisation, échecs, maladies, …

  • La culpabilité entretient nos blessures qui sont à l’origine même du problème. Elle les renforce au lieu de les atténuer et la souffrance intérieure augmente en conséquence.
  • Nos relations sont affectées, car nous accusons les autres au même titre que nous-mêmes. Nous créons ainsi des relations de pouvoir où nous cherchons à imposer notre code moral et nos croyances.
  • La culpabilité nous fait vivre beaucoup d’émotions, comme la frustration, l’impatience, l’intolérance, la colère, la peur. Les émotions nous prennent beaucoup d’énergie et fatiguent notre corps physique qui peut en devenir malade.
  • Nous pouvons aussi attirer des malaises, des maladies ou des accidents douloureux, croyant qu’en nous punissant ainsi, nous pourrons neutraliser notre culpabilité. Nous avons effectivement appris que lorsque nous sommes déclarés coupables, nous devons être punis.

A quoi sert-elle ?

Elle a un rôle. Celui de nous faire distinguer le bien du mal si j’y vais à grands traits. Et aussi d’attirer notre attention vers un malaise, un désaccord intérieur. Écouter ce sentiment de culpabilité nous offre l’opportunité d’entendre ce désaccord intérieur et de trouver une façon de le rectifier. Découvrir ce qu’on n’aime pas nous permet de nous concentrer sur ce que nous aimons et ce faisant de travailler à un meilleur alignement personnel.

C’est en effet lorsque nous ne sommes pas alignés sur nos valeurs ou aspirations que le mécanisme de la culpabilité s’amorce. Celle-ci intervient même, parfois, uniquement sur la base de notre pensée, avant même d’avoir agi. Alors, nous nous séparons de nous-mêmes et nous mettons à nous juger, voire nous maltraiter, parfois en somatisant, ou en ne profitant pas du moment présent. Il arrive même que cette culpabilité nous fasse rater des opportunités. Quand la culpabilité et le jugement deviennent permanents, ils entraînent dans leur sillage  une cohorte de regrets, remords et honte.

Sécuriser et consoler son enfant intérieur pour se libérer de la culpabilité.

C’est lui bien souvent qui se sent en insécurité, a peur de l’abandon et est prêt à tout pour être aimé et inclus dans le clan. Vous le connaissez bien, cet « enfant intérieur ». Cette partie en nous qui, à l’origine, était plein d’enthousiasme, de vie, de curiosité mais qui suite à de trop nombreuses remarques ou épreuves s’est fêlé. Il a besoin d’être consolé et rassuré notre enfant intérieur pour ne plus se sentir coupable ni avoir peur. Il a besoin de nous entendre lui dire des paroles rassurantes qui lui permettront de dépasser sa culpabilité.

Parler lui à voix haute et dites lui …

 » Tu es venu au monde pour apprendre de tes erreurs et de tes épreuves. Tu vas apporter des choses essentielles autour de toi. Il faut te pardonner, tu es digne d’être aimé et tu as le droit au bonheur. Plus tu seras heureux, plus tu pourras inspirer la joie autour de toi. je serai toujours là pour toi, sans te juger, tu n’as plus besoin du regard des autres pour avancer. Tu ne m’as jamais déçue et je prendrai toujours soin de toi. Je t’aime inconditionnellement et pour toujours. »

L’objectif est de convaincre votre « enfant » intérieur qu’il n’est plus seul et que vous l’aimerez toujours sans condition. Trouver les mots pour enlever la colère, la peur de mal faire, la culpabilité, la honte, les sensations d’abandon et les angoisses de cet enfant qui a souffert. Parfois, on n’arrive pas à faire cet exercice toute seule. Alors l’aide d’un thérapeute travaillant sur la gestion des émotions – que cela soit à l’aide de l’EFT, de l’EMDR, de l’hypnose  ou de la sophrologie peut se révéler très utile. N’hésitez jamais à vous faire aider.

Dépasser sa culpabilité

C’est un travail quotidien pour moi auquel je m’atèle avec ténacité. Je cherche vraiment à me libérer de ces réflexes pesant qui me conduisent, quoiqu’il arrive, à penser que c’est de ma faute. Alors, grâce à mes séances de thérapies, ma pratique du yoga, de la méditation, je me suis concoctée un petit manuel que je vous livre. Il pourra peut-être vous aider si vous en ressentez le besoin.

Se remercier d’être conscient de la présence de la culpabilité quand elle arrive.

La décoder, l’accueillir quand elle prend le dessus dans telle situation ou avec telle personne. En général, elle renvoie à une croyance qui nous appartient. Regarder de quoi on a peur car souvent derrière la culpabilité on trouve une peur cachée.

Accepter notre responsabilité.

Nous créons notre vie grâce à nos décisions, actions et réactions. Ensuite, on en assume les  conséquences. Je garde en mémoire que la plupart de mes peurs ne sont pas à 100% réelles et qu’il y a de fortes chances qu’il n’arrive jamais ce que je crains. Par exemple, si vous vous sentez coupable de trop manger, de trop boire ou fumer, de paresser parfois, de ne pas faire assez de sport, est-ce que vous pensez vraiment que vous ne pourriez pas gérer les conséquences que vous craignez ?

Et si les conséquences sont vraiment au-delà de vos limites, c’est une opportunité pour modifier certains comportements par amour pour soi, pour se faire du bien et non parce que notre ego nous dit que c’est mal.

Quand vous pensez avoir commis une erreur, souvenez-vous que ce ne sont pas des erreurs mais des expériences qui s’avèrent très souvent utiles pour le futur. Et comme le dit très justement Carl Jung « Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes te transforme ».

Apprendre l’auto compassion, pardonnez-vous.

Si vous vous sentez coupable de quelque chose que vous trouvez vraiment inacceptable, ayez de la compassion pour la partie souffrante en vous qui a agi ainsi. Parlez-vous alors comme vous le feriez avec votre meilleure amie, prenez soin des mots avec lesquels vous vous parlez. Reconnaissez vos zones d’ombre et apportez leur de la lumière.

Abandonner la perfection.

Elle est dévastatrice elle aussi, la perfection qui nous pousse dans les bras de l’insatisfaction chronique, de la rumination, du ressentiment, de la compétition et du jugement. La boucle est bouclée et nous ramène à la culpabilité.

Perfection et culpabilité sont comme 2 sœurs jumelles, elles fonctionnent en miroir l’une de l’autre.

Je suis de plus en plus convaincue que la plénitude est plus intéressante que la perfection. Et pourtant, je suis une compétitrice hors pair. J’adore la compétition. Escalader des sommets me met en joie. Seulement je me suis aussi rendue compte qu’aucun sommet n’est suffisant. Il m’en faut toujours un autre plus haut, plus difficile. C’est une quête sans fin et qui au bout d’un moment tourne à vide. Pourquoi un autre sommet ? Quel  est le sens de la compétition ? Alors, j’ai accepté l’imperfection, le non contrôle de tout, l’incertitude. Ce n’est pas facile tous les jours et les vieux réflexes sont assez prompte à revenir. Seulement maintenant, je les vois assez vite. Je les reconnais. Je leur souris et je ne leur laisse pas le contrôle.

Petite bibliographie pour vous aider à vous libérer de la culpabilité

 

Poursuivez votre lecture !

4 Commentaires

  • Répondre chantal 5 septembre 2020 at 15:35

    Je résumerais à un seul mot ce long article, qui tombe pile poil au bon moment, comme très souvent avec vos billets… MAGNIFIQUE!!!

    • Répondre Natacha Dzikowski 19 septembre 2020 at 18:44

      😊🙏

  • Répondre Visiteuse 5 septembre 2020 at 18:27

    La culpabilité est sur le 3 ème barreau du bas de l’échelle émotionnelle, soit sur la plus basse fréquence vibratoire, c’est dire qu’elle est toxique surtout quand on culpabilise de culpabiliser. Le 4 ème accord toltèque est approprié pour neutraliser cet état: « Faites toujours de votre mieux »! Ma foi, ce conseil est bon, très bon même.
    Quand vous dites :  » j’ai accepté l’imperfection, le non contrôle de tout, l’incertitude. (…). Je les reconnais. Je leur souris et je ne leur laisse pas le contrôle », c’est paradoxal car ne pas laisser le contrôle, c’est toujours. Alors ?…. c’est qui le patron ?

  • Répondre Visiteuse 5 septembre 2020 at 18:28

    La culpabilité est sur le 3 ème barreau du bas de l’échelle émotionnelle, soit sur la plus basse fréquence vibratoire, c’est dire qu’elle est toxique surtout quand on culpabilise de culpabiliser. Le 4 ème accord toltèque est approprié pour neutraliser cet état: « Faites toujours de votre mieux »! Ma foi, ce conseil est bon, très bon même.
    Quand vous dites :  » j’ai accepté l’imperfection, le non contrôle de tout, l’incertitude. (…). Je les reconnais. Je leur souris et je ne leur laisse pas le contrôle », c’est paradoxal car ne pas laisser le contrôle, c’est toujours contrôler
    Alors ?…. c’est qui le patron ?

  • Laisser un commentaire

    En déposant un commentaire, vous acceptez notre politique de données personnelles.