Combien de fois avons-nous essayer de lutter contre ce perfectionnisme qui nous pollue un peu voire beaucoup l’existence ? Combien de fois nous sommes-nous promises que maintenant, fini cette recherche de perfection, qui nous pousse à travailler toujours plus dans l’espoir de faire toujours mieux, d’obtenir encore plus de résultats, de reconnaissance, d’argent, de promotions, … Rien n’est jamais bien vraiment, tout pourrait être encore mieux si … nous murmure cette petite voix intérieure qui nous dit en substance que nous ne sommes pas vraiment à la hauteur, que nous pourrions faire plus et mieux …
Epuisant trait de caractère quand il est poussé à l’extrême, implacable usine à insatisfaction, le perfectionnisme peut nous ronger de l’intérieur, nous amener à repousser nos limites en permanence, créant par la même occasion une frustration quasi permanente qui écorne jour après jour la confiance en soi.
Car oui, il y a un lien puissant entre la quête de perfection et la confiance en soi.
Ce qui nous pousse au perfectionnisme c’est bien souvent le besoin de valorisation. Nos performances nous valorisent et nous donnent confiance en nous. Le hic, c’est quand c’est le seul moyen de nous aimer. Car, alors, quand nos performances sont moins bonnes, et il est assez normal qu’elles le soient parfois, nous nous retrouvons en difficulté et nous écornons notre estime de nous.
Cette quête incessante de l’approbation extérieure nous rend vulnérable. En plus, souvent, nous avons tendance à croire que les autres – ces fameux autres – passent leur temps à nous observer, à nous évaluer. Alors qu’en fait, c’est dans notre propre regard que se situe la moulinette à jugements. Ce sont rarement les autres qui nous sous-évaluent, c’est nous-mêmes.
Moi par exemple, je suis championne pour me dire à chaque fois que j’ai envie de me déployer dans une activité, que je dois passer un diplôme. Résultat, j’en ai plutôt beaucoup des diplômes, dont certains aujourd’hui me font sourire tellement je ne les utiliserais jamais. Ils ont juste eu à un moment donné une fonction de réassurance. J’ai toujours adoré l’école et les diplômes. Ça me rassure quand je doute. Maintenant, j’arrive à canaliser ces pensées là quand je les vois pointer le bout de leur nez. Je respire à plein poumon, j’éclate de rire et j’essaye de comprendre à quelle émotion, à quelle peur ce diplôme va répondre.
Il est vain et illusoire de lutter contre le perfectionnisme.
C’est un comportement appris qui répond à des besoins. Lutter contre le comportement c’est ignorer les besoins. D’autant plus, que la plupart temps, les perfectionnistes, dont je fais partie, savent très bien raisonner le sujet. Nous connaissons les conséquences parfois pénibles de ce comportement mais c’est comme une seconde nature. Donc lutter contre nous mêmes n’est certainement pas le bon chemin. En plus, tout n’est pas à rejeter dans le perfectionnisme. Il a aussi des bons côtés.
Tout est une question de dosage.
Si l’écart entre les buts que l’on se fixe et ce que l’on est réellement capable de faire est trop petit, il n’y a aucun défi à relever, et la vie est morne. Mais si l’écart est trop grand, le but n’est jamais atteignable et l’on se retrouve dans une souffrance permanente. Le bon perfectionnisme stimule, mais ne doit pas faire souffrir. Il y a danger quand vous en arrivez à prendre beaucoup plus de temps que les autres pour accomplir un travail identique tant vous êtes pointilleux. Ou quand vous n’arrivez pas à déléguer tant vous pensez être le seul à pouvoir contrôler les événements. Ou si vous vous considérez comme nul lorsque tout n’est pas parfait.
Alléger le perfectionnisme, c’est muscler son estime de soi.
Pour ce faire, accepter de se détacher de la performance à tout prix tout le temps dans tous les aspects de sa vie. Ça vous parle le culte de la performance ! Moi oui, impossible de commencer quelque chose sans que le résultat soit parfait. Que cela concerne une posture de yoga ou la mise en page de mon blog. Je peux passer des heures à choisir la bonne typo, la bonne couleur et la bonne mise en page. Et au yoga, j’analyse les postures pour comprendre quel muscle me manque où pour réussir à faire aussi bien que la prof. Je sais vous allez sourire.
Lâcher la performance permanente.
Sauf que, à force de travail sur moi pour m’alléger des 20% de perfectionnisme en trop, cette part inutile qui me fait basculer dans la souffrance versus le plaisir, j’ai progressé. J’ai accepté le fait que comme nous toutes et tous, je suis imparfaite et faillible. Que ce n’était pas grave du tout si je ne réussissais pas les postures inversées que je ne peux pas faire en vrai ayant un gros problème de cervical. Je n’essaye plus, je fais les postures alternatives dans la joie et sans me faire le moindre reproche. Et là je suis super fière de moi d’arriver à ne plus me juger et même à être sincèrement bienveillante avec moi.
Et pour mon blog, c’est pareil. Je m’étais enchaîner à me dire que je devais poster 3 articles par semaines. Résultat, je ne me laissais aucun répit d’écriture jusqu’au jour où je n’avais plus envie d’écrire. J’ai accepté d’alléger la contrainte que je m’étais moi-même mise.
Juste j’ai allégé ma recherche de performance. Je la dose en fonction des sujets. Et cela ne veut pas dire que je ne cherche pas à m’améliorer. Simplement, je le fais plus en douceur sans jugement ni coup de bâton.
Faire de son mieux.
C’est le 4° accord Toltèque et pour toutes celles qui ne sont pas familières avec LES QUATRE ACCORDS TOLTEQUES, c’est un ouvrage que je vous recommande. Un super guide d’éveil spirituel à lire et à relire.
« Faites toujours de votre mieux ». Ni plus, ni moins. Ça n’a l’air de rien peut-être mais c’est une recommandation assez puissante qui permet d’alléger le perfectionnisme. Car même si on se donne toujours à 100%, notre mieux change tout le temps. D’un moment à l’autre, on n’est pas toujours la même personne. Nous sommes vivantes et donc nous changeons en permanence. Ainsi en est-il aussi de notre mieux qui change avec nous d’un instant à l’autre. Notre mieux va être différent selon que nous sommes en super forme ou fatiguées. Il change aussi en fonction de notre état émotionnel.
Se débarrasser de son surperformant héros intérieur
Ce modèle, ce moi idéal construit à partir des exigences d’autrui que nous avons accumulées depuis notre enfance et aux images modèles d’Epinal de la réussite dont nous ne pouvons nous défaire. Les fameux « role models » c’est bien à partir du moment où ils sont juste une source d’inspiration et ne deviennent pas des figures de commandeur bloquantes, paralysantes. Vouloir ressembler à quelqu’un est le pire piège dans lequel nous pouvons nous noyer. C’est juste une mission impossible et surtout une impasse.
Connaître ses qualités et ses talents pour mieux s’accepter
L’acceptation de soi avec ses talents et ses limites, ses qualités et savoir-faire autant que ses incompétences, a à terme plus d’effets bénéfiques sur l’estime de soi que la guerre sans fin contre nous-même. S’accepter sans arrogance, car l’arrogance n’est qu’une démonstration de la fragilité de l’estime de soi. S’accepter tranquillement permet de développer une relation pacifiée à soin, une relation basée sur ses propres références et non celles de l’extérieur. Ça prend du temps et ça demande un vrai travail sur soi. On ne peut pas d’un coup de baguette magique s’alléger du perfectionnisme du jour au lendemain. Cela demande un travail sur soi mais c’est possible, faisable, et surtout tellement libérateur.
S’accepter en fonction de ses critères à soi et pas ceux de l’extérieur, des autres quelqu’ils soient. Nous seules savons là où se niche notre perfectionnisme. Et les apparences peuvent être trompeuses. Je n’aime pas du tout ce qui est négligé. Ça me stresse. Même pendant le confinement, je me suis toujours préparée le matin pour passer une journée « normale ». Il ne me serait jamais venu à l’esprit de ne pas me coiffer, me maquiller et m’habiller. Même pendant un road trip dans le désert, je prenais soin de me maquiller et j’essayais de me coiffer. Je crois que je suis la championne du sèche cheveux y compris dans les endroits les plus incongrus. Et je me fiche pas mal de ce que les autres peuvent penser. Je me fais plaisir en premier.
J’apprends à me parler gentiment.
Je peux, comme nombreuses d’entre nous, être mon meilleur persécuteur à l’affût du moindre faux pas ou erreurs. J’ai la critique facile pour ce qui me concerne et le jugement assez acéré souvent lapidaire jamais très tendre. Je travaille sur ce point avec application. Je m’applique à poser sur moi un regard bienveillant. C’est un véritable entraînement digne des sportifs aguerris.
La technique que je m’applique est de me parler comme je parlerai à ma meilleure amie.
Rarement on persécute ses amies ni on ne les dévalorise. Cette technique fonctionne assez bien. Quand je me parle, je commence par penser à une amie chère et je choisis les mots que je vais prononcer ne fonction d’elle. C’est assez magique car ça change du tout au tout le discours. Fini la dévalorisation, oublié le harcèlement et les reproches. Je juge beaucoup moins et de façon beaucoup moins définitive et tranchante. Résultat, je suis beaucoup plus cool avec moi et avec les autres. Je me suis assouplie et j’ai intégré plus de douceur dans ma vie.
Je n’ai plus de problème à intégrer le fait que je ne suis pas parfaite et que ce n’est pas grave.
J’ai moins peur de ma vulnérabilité et je cherche de moins en moins à la camoufler derrière une posture de guerrière. Je respire mieux et je me sens plus légère délestée de cette perfection étouffante à la longue. Je revendique mon droit à l’imperfection, à l’erreur. Douter devient une option fréquentable. Et me tromper aussi. Bien sûr, je préfère réussir ce que j’entreprends mais quand ce n’est pas le cas, je ne me cloue pas au piloris. Cette distance avec la perfection m’aide énormément en ce moment où nous sommes très nombreux et nombreuses à nous retrouver dans une grande incertitude face au lendemain. Quel boulot vais-je faire ? Comment vais-je gagner l’argent dont j’ai besoin ? Je n’ai pas les réponses. Ce n’est pas confortable du tout mais je reste main dans la main avec moi pour trouver des solutions. Vive l’imperfection !
4 Commentaires
Merci Natacha pour ce bel article, je m’identifie bien avec! Cesser de se juger soi-même est un vrai travail, je vais commencer à mettre cela en pratique plus active afin d’accepter aussi l’autre dans ses limites et ses imperfections car en effet tout part de soi.
🙏😊
Bonsoir Natacha
Encore un bel article
bises
Merci Caroline tu es adorable 😍